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Besoin d’une grosse taxe

16 février 2010
Sur Cyberpresse, nous pouvons lire un article sur une possible taxe sur les boissons gazeuses. C’est un très plaisant hasard, car je préparais depuis quelques jours un texte sur la nécessité de taxer la malbouffe (pas seulement les boissons gazeuses, toute la malbouffe).

Tout d’abord, avouons-le: une taxe sur la malbouffe ne réglera pas comme par magie l’obésité, tout comme celle sur le tabac n’a pas mis fin au tabagisme. Par contre, elle ne peut qu’aider.

Une bouffe à trop bon prix
La réalité est là: une boisson gazeuse coûte moins cher que du jus! En fait, la majorité de la malbouffe coûte moins cher que la nourriture plus nourrissante et plus saine. Ce n’est pas pour rien qu’il y a davantage d’obésité chez les pauvres. Ce n’est pas car ils sont plus cons.

Une recherche a déjà démontré que même si c’est moins nourrissant à long terme, une personne ayant peu de revenus préfèrera 2-3 sacs de croustilles à 2-3 sacs de pommes/carottes. Parce que le chips a psychologiquement l’air plus gros et que pour un effet immédiat, il a plus d’impact. On a l’impression d’avoir plus mangé. Une berlue, évidemment.

Mais faites le test: imaginez n’avoir que 2$ dans un dépanneur, vous achetez quoi pour couper votre faim? Ou encore votre épicerie de la semaine se résume à 20$, vous achetez quoi? Vous optez pour un rapport quantité/prix ou un rapport qualité/prix? Le premier, probablement. Pour l’avoir déjà vécu, je peux dire que c’est le premier.

Bien entendu, il y a un aspect éducatif. Dans les faits, une personne ayant de bonnes connaissances culinaires pourrait se faire une épicerie décente avec 20$ sans tomber dans la malbouffe. Cependant, l’éducation résulte de tant de facteurs (famille, amis, école, finances) qu’on ne peut que miser là-dessus et attendre qu’elle fasse effet. Puis taxer envoie un message clair: ce n’est pas bon pour vous, donc assumez!

Dissuader et éduquer
Il est temps de taxer la malbouffe comme on taxe le tabac. Depuis plusieurs années, le gouvernement ne fait pas que taxer les produits, il a mis sur pied plusieurs programmes d’aide et d’éducation sur le tabagisme. Le même plan doit se faire sur la malbouffe. On doit taxer ET éduquer. Pas l’un ou l’autre, mais bien les deux, en même temps.

Il faut à la fois dissuader et donner des trucs concrets: plus que « Mangez mieux, bougez plus », ce genre de phrases creuses n’aide pas une personne à faible revenu qui n’a pas les moyens de bien manger, car un panier sain coûte près de 7$ quotidiennement par personne alors qu’une famille disposant de peu de moyens ne consacre que 4,50$ par personne, par jour, à l’alimentation (chiffres selon l’article).

Comme le mentionne l’article, « [si] on augmente les loyers dans le Bronx, les gens ne vont pas déménager sur Park Avenue », [explique] Adam Drewnowski, directeur du Centre de recherche sur l’obésité à l’Université de Washington. Les plus démunis se tourneront vers des produits moins coûteux, dit-il, pas l’inverse. « C’est vrai que si on augmente le prix des sodas, les gens en boiront moins, mais ils ne mangeront pas plus de fraises», maintient-il. » Un peu plus loin, il ajoute que savoir cuisiner est la meilleure arme contre l’obésité et c’est tout à fait vrai. C’est ce que je tente de en plus d’appliquer, d’ailleurs.

Agir réellement
Il ne faudrait pas non plus que le gouvernement ait peur du lobbying des fabricants de boissons gazeuses, ni d’avoir peur de trop taxer. Si un deux litres de jus d’orange coûte 4$, alors il faut qu’un deux litres de Pepsi en coûte près de 4$ aussi, s’il vous plaît. Une petite taxe de 10 cents serait une farce. Le but est de dissuader, pas de remplir les coffres de l’État, même si c’est un résultat indirect.

Il est plus que le temps d’agir. L’obésité est un problème de plus en plus important qui commence de plus en plus jeune. Cessons de se croiser les bras en tant que société en passant que tout n’est que la faute des gros et des grosses.

Soyons clairs : je suis gros car JE n’ai pas fait attention. Mais si on aide les fumeurs, pourquoi on n’aiderait pas les obèses? Il ne sont pas moins, ni plus, victime qu’eux. La malbouffe ne comporte pas le mot « mal » pour rien!